- Chemin brabançon au bouleau
Chemin brabançon au bouleau
Huile sur panneau
Signature en bas à droite : Huberti
Circa 1875
24,5 x 37 cm

Édouard Huberti

(Bruxelles 1818 - 1880)
  - Chemin brabançon au bouleau
Chemin brabançon au bouleau
Huile sur panneau
Signature en bas à droite : Huberti
Circa 1875
24,5 x 37 cm

Biographie

Édouard Huberti est né à Bruxelles le 6 janvier 1818. Ses dispositions pour l'art sont très vite remarquées ; il semble aussi doué pour le dessin que pour la musique — talents stimulés et développés, dans l'intimité du foyer, par ses parents. Il étudie l’architecture à l'Académie des Beaux-Arts d'Anvers. Même si ses études jouent un rôle capital dans le développement de son talent de dessinateur en aiguisant chez lui le sens de la ligne et de la forme, sa carrière d'architecte ne répond pas réellement à ses aspirations. Huberti se consacre ensuite à la musique. Dans les années 1840-50, il est professeur de musique et chef de cœur. Il compose de nombreuses pièces pour chant à une ou à deux voix avec accompagnement de piano. Il compose également certaines de ses partitions sur des textes d'écrivains français célèbres, tels que Victor Hugo et Alexandre Dumas. La plupart des mélodies sont simples, mais se font parfois plus dramatiques. Ses textes ont un caractère poétique, mélancolique et romantique. En 1839, Paul Lauters crée une chorale à Ixelles et il propose à Huberti d'en assurer la direction. Cette Société Vocale d'Ixelles se transforme rapidement en une chorale composée d’une cinquantaine de membres (écrivains, poètes, paysagistes, graveurs, amateurs d'art). Édouard Huberti apporte, lui aussi, sa contribution et compose pour la chorale.
Édouard Huberti délaisse ensuite cet art pour la peinture. A l'âge de 42 ans, il prend le crayon et le pinceau afin de se consacrer, jusqu'à la fin de sa vie, au dessin et à la peinture. En 1860, sous l'influence de Théodore Fourmois, il décide d'arrêter ses cours de musique et de commencer à peindre, avec enthousiasme et persévérance. Fourmois apprend à Huberti que même pour peindre un ciel, ou pour rendre le tremblement léger d'un reflet de lumière autour de la cime d'un arbre, il faut d'abord maîtriser le dessin. Ce sage conseil, Huberti le prend à cœur : pendant les années soixante, il réalise de nombreuses études de paysages au crayon ou au fusain. Ce sont des études consciencieuses et sobres, dont plusieurs servent plus tard à la réalisation de lithographies. Un homme introverti comme Huberti ne réalise pas d'œuvres exubérantes, tapageuses. Il est plutôt dans sa nature de peindre de petits tableaux sensibles — reflets de son intériorité. Ses œuvres sont comparables à des mélodies simples, poétiques qui servent de contrepoint aux tempêtes orchestrales wagnériennes émanant des fresques historiques monumentales du néoclassicisme. De plus, Huberti ne cherche certainement pas à s'affirmer à tout prix aux yeux du monde extérieur. C'est ainsi qu'il écrit à sa cousine Maria Belpaire (Céleste) : « Décidément, je ne suis pas né pour la lutte... ». Il se sent mal à l'aise au beau milieu de l'agitation du monde des arts. C'est en pleine nature qu'il trouve son équilibre, profitant de chaque heure de la journée, de la fraîcheur de la rosée matinale à l'embrasement éphémère du couchant. Tous les documents présentent Huberti comme un homme d'une grande valeur intellectuelle, toujours au fait de l'actualité artistique. Il ne cache pas l'admiration qu'il voue aux peintres français de Barbizon. Il se sent surtout attiré par les « pastorales » de Camille Corot, et peut parler des heures durant de son peintre favori : « Corot aborde la nature par ce qu'elle a de délicat, de poétique et souvent, d'instable, car la nature est parfois inconstante... Il affectionne certains effets, traduit la nature sans la copier. Ses tableaux nous envoûtent, ils sont tendres, vaporeux et toujours nobles. Ses arbres semblent s'élever dans le ciel... » Dans son essai consacré à Huberti, Maria Belpaire souligne plusieurs différences significatives entre son cousin Édouard et le peintre français : « Le peintre bruxellois resta authentiquement flamand par la ferveur de son sentiment, par la minutie avec laquelle il s'attacha à observer les moindres secrets de la nature, même les plus insignifiants; par son extrême sincérité dans l'expression de celle-ci, par son respect candide pour la beauté de la création. La poésie chez Corot est toute interprétation, telle une vapeur qui recouvre le paysage ; chez Huberti, la poésie surgit naturellement du sol de sa région natale, s'exhale des arbres frêles, des branches feuillues qui ondoient ou des terres de bruyère arides. Plus de simplicité chez le peintre flamand... un raffinement plus artificiel chez le maître français ?... »
Alors qu'Huberti continue à se nourrir des précieux conseils de Fourmois, il est déjà considéré comme un maître par le jeune Alphonse Asselbergs. Théodore Fourmois, qui prodigue également ses conseils à Joseph Coosemans, emmène régulièrement ses amis à Tervuren afin de profiter ensemble du spectacle somptueux de la nature dans et aux abords de la forêt de Soignes. A partir de ce moment, la renommée du village brabançon ne cesse de s'étendre et celui-ci reçoit bientôt le nom élogieux de « Barbizon belge ». D'autres artistes peintres, tels que Jules Raeymaekers et Jules Montigny, se joignent au groupe pour représenter sur la toile les environs de Tervuren au gré des variations de la lumière. Le soir, à l'auberge Au Renard, ils dessinent ensemble l'un ou l'autre modèle, tout en discutant avec passion de leurs vues respectives, de théories et de procédés divers. Huberti exerce, dans ce milieu, une autorité presque naturelle. Cet homme pourtant réservé pouvait parler avec conviction de ses conceptions artistiques. C'est au cours de ces premières années à Tervuren que le flambeau porté par Fourmois passa à Huberti, puis à Hippolyte Boulenger. Trois grand maîtres de la peinture de paysages aux tempéraments fondamentalement différents : Fourmois respire la tranquillité, Huberti est sensible et discret, Boulenger incarne l'impétuosité. Après quelques années, il quitte les drèves ombreuses des environs de Tervuren et choisit de planter son chevalet le long des chemins sablonneux de la Campine anversoise et limbourgeoise. De nombreux témoignages attestent qu'Huberti n'affectionne guère tout ce qui est qualifié de « pittoresque ». Toujours en quête d'originalité, il veut découvrir des recoins dans la nature qui seraient siens, chercher ses propres horizons, ses propres espaces aériens majestueux qui n’ont encore pratiquement jamais été peints. Il reste, avant tout, fidèle au réalisme, mais laisse la matière vibrer en voilant la couleur pour en atténuer les contours. Au cours des années 1860-70, il est en contact avec un grand nombre d'artistes intéressants. Grâce à son fils, il fait la connaissance du musicien réputé Peter Benoit et de son entourage immédiat à Anvers. Par son activité artistique, il se lie aussi d'amitié avec le peintre namurois Théodore T'Scharner. Huberti, T'Scharner et Asselbergs vont souvent peindre ensemble à Moulin-Warnant. Là, ils rencontrent d'autres paysagistes, comme Théodore Baron, Louis Artan, ainsi que le peintre de fleurs et portraitiste Victor Fontaine.
Après 1873, les critiques d'art des différentes revues ne tarissent pas d'éloges sur l'œuvre d'Huberti, comme le montre, par exemple, l'hymne que lui consacre le célèbre critique Camille Lemonnier dans L'Art Universel du 1er juillet 1873 : « Mais nul n'est poète plus délicat et ne fait mieux chanter son âme dans les gazes diamantées des matinées de printemps que Huberti : il a des verts à lui, pâles et doux, qu'il vaporise avec une légèreté charmante ; ses ciels, teintés de lavis violets ou encre de chine, généralement, s'enroulent autour du paysage comme une mouvante draperie ; et le travail est si excellent qu'il semble oublié : c'est frais, c'est humide, c'est plein de rosées, surtout c'est ingénu, dans les harmonies joyeuses et claires ». Dans une lettre datée du mois de décembre 1875, Huberti écrit : « Décidément, il paraît que j'ai du talent, - vivons avec cette pensée, elle me fera progresser, j'espère. » Mais cette progression, l'artiste ne va jamais la vivre, car son état de santé se détériore rapidement. Au cours des dernières années de sa vie, il ne parvient plus à peindre que très sporadiquement. Il n'a plus la force d'aller en plein air. De plus, les dernières années de sa vie sont recouvertes d'un voile que personne n'a jamais pu lever. Le 12 juin 1880, Édouard Huberti s’éteint paisiblement dans sa demeure de Schaerbeek. Il est alors âgé de 62 ans.
 
Références bibliographiques
De Vilder, H., & Wynants, M., 2000. L’École de Tervueren. De Vrienden van de School van Tervuren.