- Christ rédempteur
Christ rédempteur
Crayon, encre de Chine et pastel sur papier
Signature en bas à droite : Léo Jo
1900
195 x 160 mm

Léontine Joris (dit Léo Jo)

(Tournai 1870 - Bruxelles 1962)
  - Christ rédempteur
Christ rédempteur
Crayon, encre de Chine et pastel sur papier
Signature en bas à droite : Léo Jo
1900
195 x 160 mm

Œuvres

Léontine Joris (dit Léo Jo) - Christ

Biographie

Peintre, aquarelliste, graphiste, dessinatrice, caricaturiste, créatrice d’affiche et de jouets, Léontine Joris est née à Tournai en 1870. Elle est fille de médecin. Très jeune encore elle ne peut s'empêcher de caricaturer son entourage. Son père amusé montre les croquis au sculpteur Van der Stappen qui, charmé, encourage vivement la jeune fille. Il refuse toutefois de lui donner des cours à proprement parler de crainte de faire dévier son talent. Léo Jo poursuit donc en autodidacte la recherche de son expression. D'instinct, elle perçoit l'humour d'une situation, recherche le secret des pensées. Son talent rejette l'amertume. Elle réussit au contraire à profiter d'un travers pour faire naître la sympathie. Ainsi, au gré de son inspiration et fidèle à sa devise Castigat ridendo mores (Corriger les mœurs en riant), Léo Jo retrace les différents âges de la vie et observe avec égale affection riches et pauvres dans leurs rêves, leurs occupations, leurs habitudes. A la Belle Époque, plusieurs créatrices apportent une contribution singulière au domaine de l’image imprimée, de l’illustration et du dessin. La contrainte du réalisme visuel n’étant pas de mise, elles peuvent plus facilement envisager leur support de prédilection comme espace d’expérimentation et de transgression. Léontine Joris s’invente un pseudonyme masculin pour accroitre se liberté de mouvement. Elle aborde alors le domaine de l’affiche et l’art de la caricature – secteur où les femmes sont très peu représentées – sous le nom de Léo Jo. La présence des illustratrices et des femmes artistes est occultée : ne pas être citées, ne pas vendre sa production ni être référencées, c’est tout simplement être niées. Être femme dans un univers essentiellement régi par des hommes n’est pas chose facile. En son sein, le rôle des femmes a souvent été réduit à celui de médiatrices, qu’il s’agisse de faire muse ou, plus pragmatiquement, hôtesse de Salon. Cette situation les a fréquemment conduites à avancer masquées.
Léo Jo a une prédilection pour les paysages, les natures mortes, les figures et, vers la fin de sa vie, les sujets religieux. Le registre de la caricature offre à l’artiste le loisir de se détourner des images consensuelles de la bonne femme ou de la bonne mère. Dans son œuvre Mère implacable !, elle représente une matrone impressionnante qui entraine de force deux gamins terrorisés à la baignade. En tant que caricaturiste et affichiste, Léo Jo jouit d’une liberté de représentation accrue. Quelques lignes lui suffisent pour camper un caractère ou situer une action. Chez elle, les personnages masculins occupent une place de choix. Elle porte un regard décalé sur les jeux de séduction que se prêtent les hommes et les femmes qui se croisent dans les lieux publics. Elle s’intéresse aussi à l’art du livre et aux jouets. Au profit des invalides de la guerre de la Première Guerre mondiale, elle dessine des jouets dont un jeu de quilles fait de personnages bruxellois. Elle illustre notamment les Contes de Sambre-et-Meuse et Les manches de lustrine de Maurice des Ombiaux.
Léo Jo est une charmante demoiselle, toute menue, coiffée d'un chignon brun relevé haut sur la tête, des yeux lumineux, pétillants, d'une mobilité déconcertante, le rire joyeux toujours prêt à s'échapper comme une eau vive. Cultivée, spirituelle, elle est aussi très modeste.
Ray Nyst
En 1900, la création de l’affiche officielle du salon de la Libre Esthétique est confiée à la dessinatrice bruxelloise Léo Jo. Dans des villes telles que Louvain, Gand, Bruges, Tournai, Lièges, Ostende ou encore Namur, s’épanouissent des cercles artistiques et littéraires de portée régionale ou locale. Ceux-ci ouvrent leurs salles à de petits salons auxquels sont conviés tous leurs membres ou une sélection d’artistes, hommes et femmes. En 1907, une exposition est organisée à Gand avec Clara Voortman, Anna De Weert, Léo Jo et Hélène Buyst. En 1909, elle expose au Salon de Printemps. Deux ans plus tard, elle expose au Salon d’Art Moderne de Charleroi. Durant sa carrière, l'artiste participe à diverses expositions : La Libre Esthétique (1899, 1900, 1912), la Société nationale des aquarellistes et pastellistes de Belgique (1903), la Xe Exposition internationale de Venise (1912), le Cercle artistique et littéraire de Bruxelles (1928). Ses caricatures sont publiées dans de nombreux périodiques, notamment, dans L'art décoratif (Paris), Comica (Paris), L’illustration européenne (Bruxelles), Lachendes Jahrhundert (Berlin), Le rire (Paris), Die Lustige Blätter (Berlin), Le samedi (Bruxelles), Simplicissimus (Munich), Le transcontinental (Bruxelles), La verveine (Bruxelles).
Léontine Joris décède en 1962 à Bruxelles.
 
Références bibliographiques
Creusen, A., 2007. Femmes artistes en Belgique. Paris : Éditions L'Harmattan.
Creusen, A., Caspers, B., Laoureux, D., et al., 2016. Femmes artistes : Les peintresses en Belgique (1880-1914). Milano : Silvana editoriale.
Piron, P., 2003. Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècle. Ohain : Art in Belgium.
Service culturel de la Galerie CGER, 1991. Fin de siècle. Dessins, pastels et estampes en Belgique de 1885 à 1905. Bruxelles : Etienne Van Driessche. [Catalogue d’exposition]