- Le dessous de cartes d'une partie de whist
Le dessous de cartes d'une partie de whist
Encre de Chine à la plume sur papier
Signature dans le dessin en bas à gauche: K. Peiser
Circa 1910
135 x 85 mm

Kurt Peiser

(Anvers 1887 - Bruxelles 1962)
  - Le dessous de cartes d'une partie de whist
Le dessous de cartes d'une partie de whist
Encre de Chine à la plume sur papier
Signature dans le dessin en bas à gauche: K. Peiser
Circa 1910
135 x 85 mm

Biographie

Kurt Peiser est un peintre, dessinateur et graveur belge. Issu d’une famille juive, il naît le 5 janvier 1887 à Anvers. Dès son plus jeune âge, il a comme compagnons de jeux les enfants des bateliers et des dockers. La mer, l‘Escaut, les chevaux et toute la vie du port le passionnent. Il partage la vie des marins, il devient leur ami. Le jeune Kurt Peiser suit les cours de l‘Académie royale d‘Anvers de 1901 à 1905. Peiser explique plus tard que la fréquentation de l'académie fausse l'éducation de l'artiste en ne lui donnant comme modèles que ceux qui se rapprochent d'une certaine vision de la beauté plastique. Or ce qui l'intéresse, lui, à l'instar d'autres éminents confrères tels que Félicien Rops, Constantin Meunier, Henri de Toulouse-Lautrec, James Ensor ou Jef Lambeaux, c’est de capter l’émotion, la plupart du temps d’ailleurs douloureuse, en observant la vie, les expressions et la réalité des habitants d’un monde situé à l’opposé de celui de la bourgeoisie. À sa sortie de l'académie, il est âgé de dix-huit ans et il devient l‘élève du peintre de marine Gérard Jacobs. Il pratique essentiellement la peinture à l'huile mais aussi toutes les techniques graphiques : dessin à la mine de plomb, au fusain, au crayon Conté, aux pastels et à l'encre de Chine ; il est aussi aquarelliste, lithographe et graveur en particulier à l'eau-forte. Il vit à Anvers de sa naissance à 1914 pour partir ensuite à Bruxelles. Il expose pour la première fois à la salle Forst à Anvers en 1907 et pour la dernière fois de son vivant en 1961 à l'hôtel communal de Forest. Entre ces deux dates, il expose dans divers endroits en Belgique et même à l’étranger (Dresde, Londres, Kaunas, etc.). À titre d'exemple, il présente son travail à la XIVe exposition internationale des Beaux-Arts de Venise en 1924, à la salle Giroux à Bruxelles en 1929 et à l'exposition d'Art belge à Moscou et à Leningrad en 1938. Il est présent entre autres dans les collections du Musée de l'Ermitage, du British Museum, du Musée juif de Bruxelles et dans celles de l'État belge.
Kurt Peiser fait partie du comité de la Gravure originale belge (actif entre 1924 et 1939) qui regroupe d'autres artistes comme Maurice Langaskens, Walter Sauer, Léon Buisseret, Albert Delstanche, Pierre Paulus, Armand Rassenfosse, Émile-Henry Tilmans, Louis Titz, …  Si son style est réaliste et peut présenter des touches impressionnistes et expressionnistes, il est resté en dehors de tous les courants et de toutes les modes. Humaniste, Kurt Peiser se définissait lui-même comme le « Peintre du peuple ». Les sujets qu'il aborde sont variés. Durant sa période anversoise, il se consacre principalement à la vie du port, aux chevaux, aux marines et aux quartiers populaires de la métropole. Le peintre ne s’en tient pas à une simple représentation, si lumineuse soit-elle, du monde de la mer. À travers toutes ses toiles, ce sont comme des bribes d’une vérité vécue, d’une émotion émanant de la vie elle-même qui se dégagent. Tout comme d’autres artistes qui se plongèrent dans l’observation directe de la douleur, Peiser visite les abattoirs, les morgues, les hôpitaux et les asiles. Rops ne s’était-il pas rendu pendant la guerre franco-allemande de 1870 sur le champ de bataille de Sedan ? À peine arrivé sur place, il y avait rencontré Meunier en train de dessiner les morts… Quittant sa ville natale en 1922, Kurt Peiser vient s’installer à Bruxelles et, de la même manière qu’il peignait les marginaux de la métropole anversoise, il fixe sur la toile certains « types bruxellois » en cherchant l’inspiration dans les cabarets de la capitale. Durant sa période bruxelloise, il aborde tous les sujets de la vie du peuple, plus particulièrement dans le quartier des Marolles. Dans ses toiles ainsi que dans ses eaux-fortes, il exprime le labeur, les joies et les peines de ce peuple qu‘il aime profondément et qui l‘aime en retour. C'est alors que le titre de « Peintre de la misère et des bas-fonds » lui est donné dans la monographie que lui consacre Robert de Bendere en 1922. L'épithète lui est ensuite restée alors que ses œuvres évoluent ensuite vers des sujets différents, même si sa préoccupation centrale est toujours de représenter les sentiments humains. Peiser disait : « Pour recréer, il faut redevenir soi, il faut être ému, bouleversé ; il m’arrive de pleurer en peignant, pris par mon sujet jusqu’à l’obsession, jusqu’à l’angoisse ; je sais alors que l’œuvre sera belle. » Et Henri Librecht, auteur de la première partie du catalogue de l'exposition de Peiser de 1928, de compléter : « Encore faut-il, pour que l'harmonie soit dans l'œuvre, que le peintre, tout en écoutant cette émotion, sache la dominer, qu'il la ressente sans s'y abandonner. Le choc de cette émotion qui le pénètre se prolonge en lui, profondément, et Peiser retrouve ainsi, dans la mémoire de ses yeux et de son esprit, l'image, le geste, l'attitude, la douleur qui ont retenu son regard et il peint sans qu'il soit besoin de modèle. Il se défend contre cette déformation instinctive du modèle qui pose. D'ailleurs, regardez un tableau de Peiser où vit la figure humaine : croyez-vous qu'il soit possible de poser ainsi ? Pareils sujets posés prendraient tout de suite quelque chose de théâtral ; ce qui les caractérise, c'est leur sincérité. »
Pour service rendus aux arts, il est nommé chevalier de l‘ordre de Léopold et officier de l‘ordre de Léopold II. Il est également titulaire de plusieurs décorations au titre de résistant. Kurt Peiser meurt le 13 mars 1962 à Bruxelles. Il est alors âgé de 75 ans.
 
Références bibliographiques
Hattois, O., 2005. Le peintre et son critique : Kurt Peiser vu par Robert de Bendère. Bruxelles : Fondation de la Mémoire Contemporaine.
Kurt Peiser, s.d., www.kurtpeiser.be, 11 mars 2022.