- Tasse
Tasse
Terre cuite vernissée à décor engobé, de forme conique tronquée
Monogramme en creux sous la base : A W F
Circa 1896-1897
H : 11 cm, Ø sup. : 8 ,3 cm, Ø base : 10 cm

Alfred William (Willy) Finch

(Bruxelles 1854 - Helsinki 1930)
  - Tasse
Tasse
Terre cuite vernissée à décor engobé, de forme conique tronquée
Monogramme en creux sous la base : A W F
Circa 1896-1897
H : 11 cm, Ø sup. : 8 ,3 cm, Ø base : 10 cm

Œuvres

Alfred William (Willy)  Finch - Vase

Biographie

Peintre, graveur et céramiste belge, Alfred William Finch, plus connu sous le nom de Willy Finch, est né à Saint-Josse-ten-Noode (Bruxelles) le 28 novembre 1854. Il est le premier des six enfants d’Emma Holah et de Joseph-James-Lindsay Finch. En 1878, il s’inscrit à l’Académie Royale des Beaux-Arts puis à l’École des Arts décoratifs de Bruxelles de 1878 à1880. Willy Finch débute en 1880 au Salon triennal de Gand avec deux marines de facture assez classique. A la fin du 19e siècle, il s’engage avec James Ensor dans les cercles d’avant-garde bruxellois : L’Essor (1876-1891), La Chrysalide (1875-1881) et Les XX (1883). Critiqués par les conservateurs, soutenus par Octave Maus et Émile Verhaeren, ils s'acharnent à défendre un art jeune et libre ; ils se laissent porter par les atmosphères de Whistler ou séduire par la pureté lumineuse et l'instantanéité de l'impressionnisme français. La découverte de Georges Seurat et de Camille Pissaro est primordiale pour la carrière de Finch. A l’instar des artistes Théo Van Rysselberghe et Henri Van de Velde, il participe au développement du courant néo-impressionniste et de la technique divisionniste en Belgique. La découverte du mouvement Arts & Crafts lors de séjours en Angleterre entre 1886 et 1891 s’avère plus déterminante encore. Du mouvement réformateur anglais, il retient l’idée d’un art total et l’importance de placer les arts décoratifs et l’artisanat à un rang d’honneur dans la création artistique. Willy se lance, premier parmi les peintres belges, dans l'étude et la stricte application des thèses divisionnistes qu'il intègre à sa propre vision. Pendant cinq ans, n'écoutant ni les polémiques journalistiques, ni les impératifs pécuniaires, il sera fidèle à cette technique lente et exigeante, basée sur des principes scientifiquement établis, dont l'élaboration correspond parfaitement à son tempérament et à un penchant naturel pour l'expérimentation. L'année 1887 marque un tournant dans l'évolution de l'artiste puisqu'en même temps qu'il adopte définitivement ses prénoms anglicisés — il signera désormais A. W. Finch ou A.W.F.
Dès le début des années 1890, Finch débute sa carrière de céramiste au détriment de la peinture. Il commence la céramique sous l’influence d’Anna Boch, membre des XX, qui le fait engager comme peintre-décorateur sur faïence dans l’entreprise familiale de céramique Boch-Kéramis à La Louvière. Il y apprend toutes les facettes du métier de céramiste. Il expérimente alors les diverses techniques de création, modes de cuisson et tente d’appliquer les principes divisionnistes au décor céramique. L’entreprise, encore dépendante des modèles traditionnels de Delft et de Sèvres devient, sous l’influence de Finch, plus réceptive aux nouveautés formelles de l’Art Nouveau. Il est le premier artiste avec Paul Gauguin à exposer des céramiques au salon des XX en 1891, puis au salon de Pour l’Art en 1892. De 1893 à 1895, Willy Finch établit ses ateliers à Virginal. Il y développe des techniques et des décors plus personnels. La découverte des céramistes français tels que Delaherche, Dalpayrat, Lesbros ou Chaplet est alors déterminante pour l’artiste. Leurs œuvres témoignent d’un style nouveau pour la céramique : lignes épurées, couleurs éclatantes, formes organiques inspirées de la nature. Au cours de cette période, il expérimente les émaillages colorés et les effets flammés. De 1895 à 1897, il s’installe à Forges près de Chimay, une région avec une tradition de poterie populaire et utilitaire. Un four est mis à sa disposition. Il y développe et affirme son style personnel fait de simplicité, de rusticité et de spontanéité, usant de tons chaleureux et de décors sommaires composés de points, de sinuosités et de virgules en léger relief. Ce répertoire décoratif souple et dynamique ressort de l’Art Nouveau et révolutionne la céramique belge, encore empreinte d’une longue tradition historiciste.
En 1897, le Comte Louis Sparre, directeur des ateliers de céramique Iris à Poorvo/Borgå dans la banlieue d’Helsinki, remarque les créations de Finch à l'Exposition Internationale de Bruxelles et lui propose d’exercer son art au sein de son entreprise. Tous deux admirateurs du mouvement Arts & Crafts, ils s’attachent au renouvellement des arts décoratifs finlandais tout en revitalisant la production artisanale. L'aventure se révèle passionnante. Libre de créer en toute indépendance, il retrouve à Porvoo l'esprit qui l'animait à Forges et poursuit ses recherches en y intégrant des éléments inattendus issus de la tradition locale. Les formes simples et dépouillées de Finch s’adaptent particulièrement aux terres rouges de la région. Au cours de cette phase, l’artiste développe la technique du flammage, les décors sgraffités ainsi que les décors colorés issus du principe néo-impressionniste de la confrontation des couleurs complémentaires. Ses premières pièces figurent en 1899 au salon de La Libre Esthétique et, l'année suivante, à l'Exposition Universelle de Paris. L’entreprise Iris ferme ses portes en 1902. Finch devient alors professeur d’art graphique à l’École de dessin de la Société des Beaux-Arts de Finlande ; on le nomme également professeur d’art céramique à l’École centrale des Arts décoratifs à Helsinki jusqu’à sa mort. Il profite de cette période pour reprendre ses pinceaux. Depuis son arrivée en Finlande, sa palette évolue dans une gamme à dominante bleue, rose et violette ; froideur contrebalancée par une matière plus riche, un trait plus souple et moins contraint qu’il doit à la pratique quotidienne de l’art céramique. Il faudra moins de dix ans à A.W. Finch pour être complètement adopté par l’intelligentsia finlandaise et c’est à l’amitié qu’il le doit : Louis Sparre l’introduit dans les grandes familles finno-suédoises, le peintre Magnus Enckell et l’architecte Sigurd Frosterus lui offrent un accès direct au milieu artistique.
En 1912, l’artiste belge connait un grand succès parisien lors de son exposition personnelle à la galerie Bernheim Jeune, réunissant peintures et céramiques. A Bruxelles, où son ami Georges Lemmen veille à le faire participer aux expositions de La Libre Esthétique, de L’Estampe ou du groupe Vie et Lumière, il est nommé chevalier de l’Ordre de Léopold[1]. Peu après s’amorce le déclin, sa peinture s’affadit, se répète et devient conventionnelle. Après l’avoir encensé, la critique le bouscule et puis l’oublie. L’âge, les rhumatismes, les troubles de la révolution de 1918 et l’isolement auquel Finch est contraint calment ses ardeurs progressistes. Le décès de sa fille Dorothy, en 1921, l’accable davantage. Et tandis que les expositions, les rétrospectives se succèdent et que l’on reconnait officiellement son rôle de précurseur, il se réfugie dans la nature morte et les scènes d’intérieur, les bouquets de fleurs et autres paysages. Willy Finch s’éteint à Helsinki le 28 avril 1830 des suites d’une intervention chirurgicale. Il est alors âgé de 75 ans.

[1]L'Ordre de Léopold est le premier et le plus ancien ordre de Belgique. Il est instauré en 1832 par Léopold I, Roi des belges, en tant qu'ordre du mérite et ordre dynastique. Il s’agit de l'un des trois ordres nationaux belges avec l'Ordre de la Couronne et l'Ordre de Léopold II. L'ordre est l'une des distinctions les plus importantes et les plus hautes de Belgique.
 
Références bibliographiques
Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, Commission de la Biographie nationale, 1997. Nouvelle Biographie Nationale – Volume 4. Bruxelles : Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique
Alfred William Finch 1854-1930, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, du 17 janvier au 29 mars 1992.
Clerbois, S. (dir.), 1999-2000. Céramistes de l’Art Nouveau. Anvers : Pandora.