- Sans titre
Sans titre
Pierre grise et marbre blanc de Carrare
Non signé
1967
18,5 x 14 x 25 cm

Natalino Andolfatto

(Pove del Grappa 1933 - )
  - Sans titre
Sans titre
Pierre grise et marbre blanc de Carrare
Non signé
1967
18,5 x 14 x 25 cm

Œuvres

Natalino Andolfatto - Composition
Natalino Andolfatto - Incompiuta
Natalino Andolfatto - Teatrino
Natalino Andolfatto - Sans titre

Biographie

La poésie silencieuse des formes pures
Natalino Andolfatto est né le 25 décembre 1933 à Pove del Grappa, à proximité de Venise. Il aborde la sculpture dès l’âge de douze ans, en travaillant durant trois ans comme tailleur de pierre dans l’atelier d’Andreose, un sculpteur de Bassano del Grappa. A l'âge de dix-huit ans, Andolfatto part pour Paris. À partir de 1954, il suit des cours du soir et il étudie la sculpture à l’École des Beaux-Arts. À Paris, il fait la connaissance de Carlo Sergio Signori, Massimo Campigli, César, Pierre Dmitrienko, GiIioIi, Jacques Lipchitz, Chana OrIoff, Geer Van Velde et bien d’autres. En 1960, il fait également la rencontre d’Ossip Zadkine à Montparnasse. Une profonde amitié lie les deux hommes et Andolfatto travaille de nombreuses années comme assistant dans l’atelier du maître.
Dès les années 60, Natalino Andolfatto expose dans divers salons : le Salon de la Jeune Sculpture, le Salon Comparaison, le Salon des Grands et Jeunes d’Aujourd’hui ou encore le Salon des Réalités Nouvelles. En 1962, les sculptures d’Andolfatto sont présentées à la Galerie Hautefeuille à Paris, au sein de sa première exposition de groupe Art Construit. Il fait alors la rencontre de la femme de lettres Danielle Collobert (sa future compagne) et de l’artiste belge Luc Peire, qui devient son ami proche. En gage de leur amitié profonde et commune, les deux artistes s’échangent une œuvre. Une sculpture de Natalino Andolfatto figure ainsi au sein de la Fondation Jenny & Luc Peire à Knokke. En 1965, il expose à la Biennale de Paris, au Musée d’Art Moderne. L’année suivante, a lieu sa première exposition personnelle à la galerie Lucien Durand à Paris. La préface du catalogue est rédigée par le critique d’art et journaliste Denys Chevalier. Fondateur et président du Salon de la Jeune Sculpture, ce dernier est un des personnages clés dans la carrière d’Andolfatto. En 1967, celui-ci est invité pour la seconde fois à exposer à la Biennale de Paris ; le Musée d’Art Moderne fait alors l’acquisition d’une de ses sculptures. La même année, il est choisi comme représentant de l’Italie pour le Colloque de Grenoble.
L’année suivante, Andolfatto part pour la Tchécoslovaquie : il est invité à exposer par différents artistes locaux, d’une part lors de la Biennale de Bratislava, d’autre part à deux colloques. Il séjourne en Tchécoslovaquie pendant quatre mois avec sa compagne et travaille sur plusieurs projets de sculptures. Au début des années 1970, Natalino Andolfatto est pour la première fois soutenu par une galerie italienne basée à Vicence : Tino Ghelfi. Il participe simultanément au Colloque de Sculpture, organisée par le Musée en Plein Air de Sénart. Deux ans plus tard, il fait la rencontre de Bruno Lorenzelli. Une longue amitié entre les deux hommes débute et conduit Natalino à exposer à de nombreuses reprises à la galerie Lorenzelli, au départ située à Bergame. En 1973 et 1974, d’autres expositions personnelles sont organisées en Italie, notamment à la galerie Quattro Venti de Palerme et à la galerie Stendhal de Milan. En 1975, Andolfatto participe au 12e Concours International des Statues en Bronze à Padoue et gagne le premier prix. La même année, une exposition lui est consacrée à la galerie de France et du Benelux, à Bruxelles.
En 1978, survient le drame de sa vie : la mort de sa compagne Danielle Collobert. Marqué par un profond chagrin, Natalino Andolfatto retourne en Italie et se plonge activement dans le travail, aux côtés de son frère Renato. Il conçoit alors une sculpture monumentale pour la collection Severi à Torre Maina. En 1980, il crée une autre en acier pour la manufacture de Bassano. Deux ans plus tard, il expose encore une fois à la galerie Stendhal de Milan, avant de s’envoler pour le Japon. À son retour en 1983, il épouse sa nouvelle compagne Mirella. Au cours de l’année 1984, deux expositions personnelles sont consacrées à Andolfatto à Milan ; à la galerie Stendhal et à la galerie Lorenzelli Arte. Sous l’impulsion de cette dernière, les œuvres de l’artiste italien sont exposées dans les plus grandes foires d’art contemporain : FIAC, Art Cologne, ARCO ou encore Art Basel. Durant cette période, ses œuvres rentrent également dans les collections permanentes du CIMAC de Milan. En 1986, alors qu’il réside depuis plusieurs années à Bassano, Andolfatto réalise en collaboration avec son frère une imposante sculpture en marbre grec pour la firme de Galbusera. En 1989 et 1990, Lorenzelli est le commissaire de trois expositions consacrées à Natalino Andolfatto. Ces années marquent un véritable tournant dans la carrière de l’artiste, qui a désormais la possibilité de développer son travail grâce aux importantes commandes de collectionneurs privés. Au début des années 90, Natalino Andolfatto se lie également d’amitié avec les frères Lucchetta, qui deviennent d’importants collectionneurs et commandent une sculpture monumentale en marbre grec. Mais dans l’enchainement de ces succès, la vie personnelle et professionnelle de Natalino Andolfatto est marquée par un nouveau bouleversement en 1994 : la mort de son bien-aimé frère et collaborateur Renato. À la fin des années 90, onze sculptures et deux dessins d’Andolfatto, datant de 1960 à 1993, intègrent les collections permanentes du Musée d’Art Moderne d’Ostende. Entre 2001 et 2002, la ville de Bassano del Grappa rend hommage à son travail en lui dédiant une exposition exceptionnelle de grande envergure, au Chiostro del Museo et au Palazzo Agostinelli. À cette occasion, une importante monographie écrite par Luciano Caramel est publiée. Celle-ci reste à ce jour la contribution la plus riche et la plus complète à la compréhension du travail de l’artiste.
Au premier regard, la sculpture de Natalino Andolfatto frappe par la limpide rigueur de ses formes, par la quiétude de ses assemblages suspendus dans un déséquilibre parfaitement maîtrisé, par le poli de ses surfaces presque transparentes, conjugués à la netteté d’un langage basé sur une dialectique entre les vides et les pleins. Mais les œuvres créées par le sculpteur rappellent que son art doit s’apprécier dans sa tridimensionnalité. Cette appréhension d’images multiples est le résultat d’un pur jeu formel d’emboîtement des volumes, de recherche de stylisatio, inspirées généralement par la figure humaine, l’architecture ou la mécanique. Car, s’il y a une volonté claire de simplification et de géométrisation de la composition, héritée de la tradition cubiste, Andolfatto reste attaché à la représentation stylisée d’images éprouvées dans le monde réel.
Pour qui entend comprendre la complexité et la multiplicité des images et des messages délivrés dans la sculpture de Natalino Andolfatto, les textes de Denys Chevalier sont d’une importance primordiale. Critique d’art et journaliste, proche de l’artiste, il fut le premier à déceler dans son travail une forme de poésie sous-jacente, calme et silencieuse. Cette émotion présente en filigrane « reste affaire de résonnance intime » et ne se donne pas à voir de manière flagrante et ostentatoire. Pour accéder à la poésie dissimulée dans l’art d’Andolfatto, il faut l’appréhender sur le mode du symbole qu’il renferme en potentialité. Cette interprétation métaphorique proposée par Chevalier permettrait de voir dans les formes circulaires des « roues solaires, transposition d’un éternel retour, voire image d’un monde fini et clos » et dans la netteté abrupte des plans inclinés, ascendants ou descendants, des « figures de pulsions et d’élans » comme de chutes ou de déchéances.
Natalino incarne pleinement la figure mythique du sculpteur, qui allant au-devant des éléments, muni de son marteau et de son burin, taille le solide bloc de marbre. D’autant plus que l’artiste semble vouloir démontrer, de manière assumée ou inconsciente, par le choix de ses principaux matériaux, une véritable maîtrise de son métier de sculpteur. Il opte très souvent pour le marbre blanc de Carrare, pierre noble traditionnellement utilisée dans la grande sculpture, réputée autant pour la finesse de sa blancheur que pour la difficulté de sa taille. Il utilise aussi régulièrement le marbre noir de Belgique, prélevé dans les lacs souterrains de la ville de Mazi, proche de Gembloux ; extrêmement coûteux, il est aussi particulièrement dur et ne supporte, une fois sorti de l’eau, plus aucun contact avec l’humidité. La taille de l’onyx, auquel il a souvent recours, avec ses douces couleurs vertes aux veines orangées, constitue une véritable prouesse de sculpteur tant cette pierre se révèle dure, dense et capricieuse. Si la sculpture de Natalino Andolfatto semble de prime abord simple, évidente et pure, elle apparaît, entre les lignes et les courbes, riche en images, en significations, en émotions et en histoires. 
 
Références bibliographiques
Stringa, N., 2007. Natalino Andolfatto, sculptures récentes. Galerie Denise René, Paris, février – mars 2007. [Catalogue d’exposition]
Chevalier, M., 1973. Natalino Andolfatto. Galerie Kriegel, Paris, mars 1973. [Catalogue d’exposition]